jeudi 15 mars 2012

tsunami

Je t'ai déjà parlé de Yoko Ogawa, remember ? Je suis retournée faire un petit tour avec elle. Son "Cristallisation secrète" est un peu (beaucoup) bizarre. Mais les japonais sont bizarres, n'est-ce pas ?
Mais ce qui m'a touchée, surtout en cette semaine de commémoration du premier anniversaire du tsunami du 11 mars 2011 sur la côte est du Japon, c'est qu'elle parle d'un tsunami. Il est des coïncidences !

Un extrait ? Suite à un tremblement de terre, un vieil homme met en garde l'héroïne contre les risques de Tsunami :
Un tsunami, c'est quoi ? J'essayais de ne pas y penser, mais je n'arrivais pas à me sortir ce mot de la tête. Puisque même le grand-père en avait peur, c'était certainement quelque chose de terrible. Un monstre vivant au fond de la mer ? A moins que, comme les disparitions, ce ne fût une sorte d'énergie invisible, à laquelle on ne pouvait absolument pas s'opposer ? (...)

Il l'entraîne en haut d'une colline :
(...) dans un grondement la ligne d'horizon se souleva, une énorme vague blanche comme un mur se précipita vers le rivage.
- C'est quoi, ça ? ai-je demandé en laissant tomber mon mouchoir.
- Le tsunami, répondit le grand-père, ses mains toujours plaquées sur son oreille.
En un instant, le paysage sous nos yeux fut bouleversé. La mer sembla à la fois aspirée vers le ciel et avalée par une fissure de la terre. L'eau de la mer qui débordait se soulevait de plus en plus haut, s'apprêtant à engloutir l'île. Les gens autour de nous se sont mis à gémir.
La mer a avalé le ferry, franchi la digue, bousculé les maisons le long du rivage. Ce fut sans doute instantané, mais j'eus l'impression de distinguer très nettement des petits morceaux de paysage, la chaise de pont dans laquelle le grand-père faisait sa sieste qui dérivait, une balle de base-ball abandonnée sur les docks qui flottait au sommet de la vague, un toit rouge replié comme un origami sur le point d'être englouti par la mer.

J'aurais lu ces pages il y a un an et une semaine, cela m'aurait sûrement moins touchée. Mais ces images, on les a vues en vrai. On a vu ces japonais réfugies sur les collines qui regardaient l'inregardable en gémissant. Et ceux qui n'avaient pas eu le temps de se réfugier...
Ce livre a été publié en 1994 je précise. Il faut croire donc que le phénomène du tsunami est ancré dans la culture japonaise, et pour cause :  il y a 2 ou 3 fois par siècle au Japon un tsunami faisant plus de 5000 victimes...

13 commentaires:

  1. Les trois ensemble, tu imagines !?
    Faut-il le voir aussi ? Pas oublier, ça, ni ceux qui en sont et en seront encore meurtris.

    Bisous MdK

    mime

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  2. Maintenant ce sont les cars d'enfants Belges qui font les tsunamis ;o(
    ... Sinon, les Japonais vivent a'ec ça chevillé au ventre. Toute une philosophie.

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  3. Je singerais bien Montesquieu : comment peut-on être Japonais ?

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  4. Mime >> les 3 ensemble, tu veux dire tremblement de terre + tsunami + accident nucléaire ? pauvres japonais ! ! !

    Luc et des p'tits points >> oui les enfants belges... :-(

    Walrus >> waouh ! quelqu'un qui cite Montesquieu sur mon blog ! ! ! je vais entrer en lévitation...

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  5. Tu m'excuseras si je m'arrête sur ce qui m'intrigue : elle fait quand même de drôles de rêves, la femme du pêcheur.

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  6. Ma chère MAM de K, je fais une aparté, en lien avec ce que nous disions chez sieur Walrus hier au sujet de ces inconnus qui morflent dans l'indifférence. Nous sommes allés petit homme et moi à un vernissage d'un GRAND photographe qui d'un oeil sincère, sympathique et pétrie de sensibilité et d'humanité montre beaux ceux qui ont morflés, en dehors des faits divers et de la sorte j'aime que l'on me remue l'humanité et je veux bien pleurer plutôt que rire.
    Le photographe qui mettait les mots des gens qu'il photographiait en étroit rapports texte-image, se nomme Marc Helleboïd, et il m'a mis en face de la dignité et la beauté des gens qui ont morflés. J'ai rien bu, rien mangé au vernissage, trop secouée. Je me fais ce matin la réflexion suivante, je crois que j'ai un problème avec l'expression journalistique plutôt voyeuriste, malsaine. L'intimité et la sensibilité va mieux au sujet grave... à mon sens.

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  7. Tout à fait d'accord avec Miss Alice D sur l'expression journalistique qui prévaut désormais aux journaux télévisés du 20h...

    Sinon, je veux bien être japonais, rien que pour rêver que Hokusai pourrait faire partie ancêtres :-)

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  8. Berthoise >> je savais que ça te plairait ;-)

    Miss Alice >> voyeuristes les journalistes ? mais ma chère, vous galéjez !

    DD >> tu prends des cours de japonais ? (ça doit être la nuit alors...)

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  9. as-tu écouté la tête au carre sur le tsunami? Les Japonais veulent qu'on se souvienne de l’évènement comme de celui du 11 mars, et non Fukushima, pour éviter la "stigmatisation" du lieu. Des Japonais désirent déjà changer leur lieu de naissance, s'il s'agit de celui de la centrale, pour pouvoir continuer a vivre normalement. Lien est fait avec le 11 septembre, puisqu'on n'appelle pas l’évènement "Manhattan".

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  10. déjà que ces pauvres gens ont dû abandonner leur village, leur maison, pour ceux qui habitaient trop près de la centrale... oui j'imagine que ne pas utiliser ce nom à tort et à travers n'ajouterait pas à leur souffrance

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  11. Je suis comme Berthoise... tu mets des photos porno sur ton blog maintenant?? :)

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  12. Destruction de la nature et de la société mis en parallèle avec la déliquescence de l'esprit humain. La perte de la mémoire qui entraîne la perte de valeur des êtres et des objets avant qu'ils ne disparaissent à leur tour sous l'œil rigide d'un Etat corrompu qui fait la chasse aux souvenirs. Tout simplement génial. Prophétique.

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