mercredi 20 avril 2011

lecture d'actualité

Avant de commencer, laissez-moi vous faire écouter une belle petite personne : Raphaële Lannadère, alias L. Je suis complétement sous le charme !


Je suis en train de lire un livre qui est, malheureusement, très en phase avec l'actualité : Après le temblement de terre, de Haruki Murakami. C'est un recueil de nouvelles écrit après le tremblement de terre de Kobe en 1995. L'impression dominante à la lecture est l'étrangeté, l'extrême exotisme de l'âme japonaise. Au risque de passer pour une catégorisatrice sauvage, je trouve souvent la littérature russe déprimante, la littérature étasunienne violente, la littérature anglaise surannée. Et bien je trouve la littérature japonaise étrange ! (J'ai déjà écrit sur une lecture japonaise, remember ?) Les personnages ont des modes de pensée qui sont à mille lieues des nôtres je trouve, c'est intéressant à observer !

Citation : (Keisuke, guitariste dans le groupe Pearl Jam, va sur la plage une nuit avec sa petite-amie Junko pour faire un feu de camp)
- Pearl Jam disparaîtra, les feux de camp resteront.
- Ça aussi, on peut le dire, dit Keisuke en sortant une main de sa poche pour passer son bras autour des épaules de Junko. Mais le problème, tu vois, Junko, c'est que moi je me moque complètement de ce qui se passait il y a cinquante mille ans, ou de ce qui se passera dans cinquante mille ans. Mais alors complètement. L'important c'est maintenant. Maintenant. Le monde peut s'arrêter n'importe quand, comment peut-on penser au futur ? L'important, c'est de manger à ma faim maintenant, et de bander maintenant, tu vois. Tu ne crois pas ?

Pour compléter ma lecture (il est de ces coincidences !) j'ai lu un article de l'écrivain (je ne peux pas me résoudre à mettre certains mots au féminin) Hiromi Kawakami sur son état d'esprit après le séisme et le tsunami du mois dernier et l'influence de cet événement sur son écriture future. Elle parle de ce sentiment d'impermanence (on pourrait dire de précarité, d'éphéméritude (éphémérité ? éphémérisme ? enfin le fait d'être éphémère, tu m'as comprise) de la vie, de l'humanité) qui imprègne la culture japonaise.

Citation :
A moins d'habiter dans ce pays, c'est sans doute une chose difficile à croire, mais les Japonais vivent dans la peur d'un violent séisme, qu'ils sont en même temps prêts à affronter.
Tout porte à croire que le sentiment de l'impermanence qui imprègne les Japonais a sa source précisément dans la grâce dont la nature a doté ce pays. Celui qui reçoit un bienfait de la nature doit immanquablement affronter sa cruauté. La nature donne sans compter, de la même façon, elle arrache sans hésitation. L'homme est impuissant à échapper à cette loi.

Illustration 1 : Kitagawa Utamaro - Flowers of Edo 1800
Illustration 2 : Shiro Kasamatsu - Pin sous la pluie sur la colline de Kinokuni-zaka 1938

18 commentaires:

  1. Oui, c'est sans doute ce qui nous fascine chez les Japonais : la sorte d'incommunicabilité qui sépare nos cultures.

    RépondreSupprimer
  2. Moi ce qui me fascine c'est Mââme de K, c'est un peu comme une Geisha sur le web :-D

    RépondreSupprimer
  3. Vieux proverbe ardennais :
    - "Si tu ne veux pas tomber sous le charme, change d'arbre ou méfie-toi des racines qui dépassent..."

    RépondreSupprimer
  4. J'aime beaucoup la littérature japonaise.
    Cette violence à côté d'une approche poétique de la nature, les passions et la sensualité qui déborde. C'est un univers où il est difficile de pénétrer car il nous faut voir autrement mais une fois qu'on le découvre, on a envie de continuer ...

    RépondreSupprimer
  5. J'aime beaucoup cette idée de l'impermanence de toutes choses... c'est le bouddhisme, j'adhère!!

    RépondreSupprimer
  6. Il vaut mieux prendre la Voie du milieu que de rester au milieu de la voie...;)
    OK
    Je sors !

    RépondreSupprimer
  7. Ce que j'aime dans Murakami, c'est justement cette étrangeté : il a les mêmes gouts que moi (à la louche : la Grèce et le vieux jazz) et pourtant je me sens toujours parfaitement étranger, autre. Un truc du genre si près, si lointain.

    RépondreSupprimer
  8. oui j'aime aussi Murakami.
    Il commence de manière "réaliste" puis insensiblement vire dans l'étrange...le fantastique.
    J'aime bcp la citation de Kawakami, que par ailleurs je ne connais pas...

    RépondreSupprimer
  9. c'est aussi pour ça que j'aime bien les films japonais, ceux de Kitano en particulier. Poétique et décalé à la fois. La mondialisation n'a pas encore standardisé les modes de pensée. Pour combien de temps encore ?...

    RépondreSupprimer
  10. ben... c'est une autre civilisation! si! (ce que c'est con ce que je dis, je ferais mieux de me taire...)
    En revanche je ne trouve pas que la litt américaine soit si violente! ou alors j'aime la violence, oui, ça doit être ça... :))
    Enfin, j'en profite pour te saluer, madame de K!

    RépondreSupprimer
  11. Celui qui reçoit un bienfait de la nature doit immanquablement affronter sa cruauté...

    c'est beau en théorie, I suppose.

    J'ai moi aussi aimé L. Et acheté le corbeau, pour l'instant. Et tu devineras JAMAIS a qui j'ai offert l'album, en remerciement de l'audio book The Help.

    RépondreSupprimer
  12. Walrus >> étanchéité presque...

    DD >> ça sent un peu le foutage de gueule... ;-p

    JEA >> ha ha (je n'oserai pas le "mdr" ;-)

    Saravati >> si DD était là, il dirait "changement de paradigme"... c'est le seul mot savant qu'il connaisse (mais à force de me moquer, je crois que je vais me faire griller, parce que je crois que j'ai déjà utilisé ce mot chez toi...)

    RépondreSupprimer
  13. MarieNeige >> moi avec le bouddhisme j'accroche as trop... je suis trop hédoniste je crois...

    Zaile >> nan nan reste ! j'aime bien les vannes idiotes ;-)

    Prax >> ah oui, une des nouvelles parle de jazz

    Coumarine >> une des nouvelles est effectivement plutôt déjantée, avec la visite d'un crapaud géant qui parle

    RépondreSupprimer
  14. Mr Choule >> je crois que ce n'est pas demain la veille que la culture japonaise sera fondue dans la masse

    Aléna >> pas trop violent le salut camarade ! ;-D

    Ariana qui pleure >> t'as quand même pas offert un album de L à Rastacouette ? (c'est la seule de tes voisines dont le nom me revient là tout de suite ;-D)

    RépondreSupprimer
  15. Oserai-je l'avouer, j'ai un peu de mal avec la littérature japonaise. Pas pu aller au bout de "la course au mouton sauvage". Alors que j'adôôôre le cinéma de Kurosawa. Bizarre. Je vais réessayer tiens.

    RépondreSupprimer
  16. si.

    Elle m'offre du savon à la lavande/romarin toutes les semaines, fallait bien faire un geste, non?

    Et puis, ça peut pas lui faire de mal, après Willow Smith, franchement. J'essaie de sauver les âmes.

    RépondreSupprimer
  17. Oui, j'ai aimé lire cet auteur pour l'étrangeté surréaliste des histoires, mais aussi la simplicité de l'écriture et des dialogues entre les personnages, leur malice. Paysage avec fer est en résonnance avec Construire un feu de Jack London. Junko, le personnage de Murakami, y pense à un moment de l'histoire; c'est un moment fort... Construire sa vie comme on construit un feu.
    Bonsoir.

    RépondreSupprimer